Je vous présente Sattao. C’est un adorable pensionnaire de l’orphelinat de Nairobi appartenant au David Sheldrick Wildlife Trust (DSWT).

Bon d’accord, je ne suis pas exactement une mère adoptive mais plutôt une marraine, ce qui me permettra de suivre sur plusieurs années la vie et les progrès de ce petit éléphanteau, choyé et dorloté par les formidables et infatigables soigneurs de cet orphelinat mondialement réputé pour son travail de sauvetage et de réhabilitation de la faune au Kenya.
Pourquoi ce choix ?
J’avais envie de m’impliquer dans la sauvegarde d’une espèce menacée en Afrique. Choisir de quelle manière n’a pas été simple, dans la mesure où il y a — malheureusement — l’embarras du choix en matière d’espèces menacées, mais également en matière de fondations, associations et ONG diverses qui tentent de protéger lesdites espèces…
Par ailleurs, n’étant pas physiquement sur place, je voulais que cette participation soit concrète afin que je puisse apprécier, autant que possible, son utilité.
Il y a quelques jours, j’ai lu dans les réseaux sociaux que le David Sheldrick Wildlife Trust, que je connaissais depuis longtemps pour avoir voyagé au Kenya et dont la réputation n’est plus à faire, fêtait cette année ses quarante ans d’existence. Je connaissais évidemment l’orphelinat de Nairobi et j’ai eu l’occasion d’apprécier le travail qui y était réalisé au travers de reportages ou documentaires montrant comment des éléphanteaux sauvés in extremis d’une mort certaine, arrivant à l’orphelinat traumatisés et dans un état grave, parvenaient à force d’amour et de soins à s’en sortir, à reprendre goût à la vie, à grandir et finalement retrouver le chemin de la liberté dans le parc national de Tsavo.
Le parrainage d’un de ces attendrissants petits orphelins m’est donc apparu comme une évidence. J’allais pouvoir aider, à ma manière, un bébé éléphant privé de sa mère (le plus souvent tuée par des braconniers) à survivre dans les meilleures conditions possibles jusqu’à ce qu’il soit autonome et rendu au milieu naturel qu’il n’aurait jamais dû quitter.
Le sauvetage de Sattao
L’histoire de Sattao est similaire à celle de tous les autres éléphanteaux recueillis à l’orphelinat de Nairobi. Elle est devenue d’une terrible banalité et constitue le quotidien des équipes du DSWT.
Le 18 mars de cette année, le signalement d’un bébé éléphant blessé, très amaigri et errant seul dans le parc national de Tsavo Est a été fait au Kenya Wildlife Service (KWS) par des visiteurs. Aussitôt l’unité vétérinaire mobile ainsi qu’une équipe antibraconnage du DSWT ont été dépêchées dans la zone concernée. Rapidement localisé grâce aux moyens mis en œuvre, l’éléphanteau âgé de 3 ou 4 mois avait miraculeusement échappé aux lions mais avait de sérieuses blessures aux pattes arrière, probablement faites par des chacals, en plus d’une sévère déshydratation.
Les très jeunes éléphants qui perdent leur mère alors qu’ils ne sont pas encore sevrés ni en âge de se débrouiller sans elle n’ont que très peu de chances de survivre dans la savane. Même s’ils restent un temps avec le troupeau, ils finissent par être abandonnés en cours de route car trop faibles pour le suivre. C’est probablement ce qui s’est passé avec Sattao.
L’équipe de secours a tout d’abord transporté l’éléphanteau dans un 4×4 jusqu’à Voi où se trouve un centre de réhabilitation du DSWT. Il y a passé la nuit, avec un gardien à ses côtés, après avoir été nourri avec du lait et des sels de réhydratation. Le lendemain, une équipe de soigneurs de Nairobi s’est rendue sur place pour organiser le transfert de Sattao en avion jusqu’à l’orphelinat.
Reprendre des forces et retrouver la joie de vivre
Les premières semaines à l’orphelinat ont été difficiles pour Sattao en raison de l’état squelettique dans lequel il était et de la douleur due à ses blessures. De même que les autres pensionnaires à leur arrivée, il a reçu des soins intensifs et une attention de chaque instant. D’un caractère tranquille, il s’est accroché à la vie et petit à petit a repris des forces, en partie grâce à l’entourage de ses congénères et notamment à Luggard, son meilleur ami plus âgé d’un an.
Le succès de ce sauvetage à long terme s’explique également par le lien très fort qui existe dans cet orphelinat entre les petits protégés et leurs soigneurs, ceux-ci faisant office de mère de substitution, jour et nuit, allant jusqu’à dormir avec eux dans les box pour les rassurer et simuler ainsi la présence indispensable d’une mère.
La compagnie sécurisante et bienveillante des aînées — les éléphantes de l’orphelinat plus âgées ayant elles-mêmes subi des traumatismes — est primordiale, car elles servent de guide aux nouveaux arrivants et facilitent ainsi la guérison. C’est ce qui s’est passé pour Sattao.
Après avoir traversé ces épreuves, Sattao est maintenant bien intégré au groupe des orphelins et participe aux activités avec eux (jeux, promenades, bains de boue et clowneries en tout genre !). En tant que marraine, je vais pouvoir suivre l’évolution de cet éléphanteau durant au moins les trois années à venir, au travers du récit mensuel des soigneurs. Ce qui rend ce parrainage d’autant plus réel.
Le prénom de Sattao n’a pas été choisi au hasard. Il a été ainsi baptisé car il a été retrouvé dans la partie du parc national de Tsavo d’où étaient originaires les célèbres Satao et Satao II (avec une seul « t »), les deux éléphants aux défenses géantes (Big Tuskers). L’équipe du DSWT se plaît à penser que l’éléphanteau si fragile qu’ils ont sauvé porte peut-être en lui les gênes d’un Big Tusker…
Je lui souhaite une belle et longue vie.
Des nouvelles de Sattao
8 septembre 2017
À neuf mois, Sattao s’entend bien avec ses camarades et reçoit toute l’attention des éléphantes plus âgées et des soigneurs.
15 septembre 2017
Une vidéo de Sattao postée en septembre sur Twitter le montre en train de « trompeter » après un autre pensionnaire de l’orphelinat (un phacochère) qui essaie de manger ses granulés de luzerne. Il est trop craquant et a l’air en pleine forme !
20 octobre 2017
Dans son box, Sattao tente de reprendre encore son biberon avec la trompe mais il tombe de sommeil et a du mal à garder les yeux ouverts.
12 décembre 2017
Tagwa est une future matriarche dans l’âme. Elle aime tous les plus petits éléphanteaux de l’orphelinat et en particulier Sattao. Un matin, alors qu’un groupe d’orphelins avait franchi un ruisseau, Sattao s’est retrouvé seul car il avait peur de traverser. Tagwa est venue à sa rescousse et l’a encouragé pour qu’il puisse rejoindre ses copains. À l’arrivée, Sattao était tout content et Tagwa très fière du devoir accompli.
Au cours du mois de décembre, Sattao a fêté son premier anniversaire. Il a un an, mais c’est encore un bébé…
19 janvier 2018
Tagwa n’a que deux ans mais plutôt que de jouer elle préfère s’occuper des plus petits, comme ici de Sattao qui arbore sa jolie couverture très colorée.
12 mars 2018
Sattao se blottit contre son soigneur.
Il est également devenu le petit chouchou de la mini-matriarche Mbegu. Mais il est partageur ; contrairement à Musiara, il ne voit pas d’inconvénient à partager l’affection de Mbegu.
30 mars 2018
Sattao et Musiara sont en pleine discussion. Bien que Musiara ne souhaite pas partager l’affection de Mbegu avec Sattao, ils restent néanmoins copains.
12 avril 2018
Sattao a été un peu dépité lorsque Ndotto a voulu lui piquer son biberon de lait ce jour-là…
11 mai 2018
Sattao n’est pas fan du temps froid et pluvieux qu’il a fait ces derniers jours à Nairobi. Aussi, il proteste en trompetant pour ne pas sortir de son box le matin, comme un enfant qui ne veut pas aller à l’école !
17 décembre 2018
Sattao a deux ans maintenant. Regardez comme il a grandi et grossi grâce aux soins qu’il a reçu depuis son sauvetage, à la bienveillance de sa famille d’éléphants orphelins et à l’attention de ses gardiens. C’est grâce à ces images postées régulièrement par la fondation Sheldrick ou par d’autres parrains et marraines que l’on peut mesurer le chemin parcouru, depuis le drame que chacun de ces éléphanteaux a vécu jusqu’aux instants d’insouciance et de confiance qu’ils connaissent aujourd’hui.
POUR PARRAINER UN ORPHELIN DU DAVID SHELDRICK WILDLIFE TRUST :
- C’est simple et très rapide. Vous pouvez choisir parmi les listes des orphelins à parrainer des éléphants de tous âges, deux rhinocéros, et même une girafe, ou bien faire un don tout simplement : http://www.sheldrickwildlifetrust.org/asp/fostering.asp
J’ai adopté (parrainé) la petite Maisha de 2 ans… https://www.sheldrickwildlifetrust.org/orphans/maisha et je compte bien aller la voir en 2020…
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Bonjour Bruno,
C’est une super expérience. Je n’ai pas encore eu le temps de le relater dans ce blog, mais je suis allée au Kenya en avril dernier pour rencontrer Sattao (et Maxwell, le rhinocéros aveugle) à l’orphelinat de la fondation Sheldrick. Un moment très émouvant de voir et de toucher cet éléphanteau que je parraine. Je me suis décidée à y aller cette année car Sattao va atteindre l’âge de 3 ans dans quelques mois et qu’il fera probablement partie d’un transfert vers le centre de réhabilitation de Voi, à Tsavo, dès que ce sera possible.
C’est pourquoi je vous conseille de vous renseigner à l’avance en ce qui concerne Maisha, en fonction des dates de votre voyage et de quand elle atteindra l’âge de 3 ans, car ce serait dommage que vous vous déplaciez à Nairobi sans pouvoir la voir. Le centre de réhabilitation se visite également je crois, mais je ne connais pas les conditions.
L’orphelinat est ouvert au public de 11h à 12h. C’est à ce moment-là que l’on voit le retour des orphelins pour le biberon de midi. C’est sympa mais il faut savoir qu’il y a beaucoup de monde, à l’heure la plus chaude, donc pas toujours facile pour faire des photos (sans visiteur dessus…). En revanche, je vous conseille la visite du soir, de 17h à 18h, réservée aux parrains exclusivement (la réservation se fait par mail auprès de l’orphelinat directement, car les places sont limitées, donc à anticiper). Là on peut approcher des éléphanteaux et les voir dans leur box avant le coucher.
J’espère que ces informations vous seront utiles.
Profitez bien de ce moment unique (vous pourrez même faire une donation sur place ou adopter un orphelin supplémentaire !).
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Pourquoi est il toujours dans la liste des éléphanteaux à adopter alors, je ne comprends pas.?
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Bonjour Rachel,
Le système « d’adoption » de l’orphelinat du DSWT, comme celui d’autres organisations qui recueillent des animaux orphelins ou blessés, est basé sur le parrainage. Un orphelin peut avoir de multiples parrains ou marraines étant donné que le fonctionnement d’un orphelinat est extrêmement coûteux (soins, nourriture, personnel, etc.). Mais surtout, l’argent collecté dans son ensemble sert également à financer les rangers qui luttent contre le braconnage, les avions, hélicoptères, véhicules qui interviennent en urgence pour aller chercher un animal en danger, les unités mobiles vétérinaires, les centres de réhabilitation… bref tout ce qui permet de sauver les animaux, et les éléphants en particulier. Il faut une dizaine d’années pour élever un éléphanteau et lui permettre de repartir vivre dans la nature de façon autonome. Donc il n’y aura jamais trop de marraines pour les adorables éléphanteaux sauvés par l’organisation de Daphné Sheldrick. Je vous conseille de lire également les articles « Une histoire d’amour africaine » et « Éléphants orphelins d’Afrique : le long chemin de la réhabilitation », si ce n’est pas déjà fait.
J’espère avoir répondu à la question. Bonne lecture Rachel.
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Trop craquant ce petit Sattao. N’hésite pas à regarder mon site dédié aux éléphants http://cestquoicesite.fr/les-videos-du-net/ 🙂
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Il est très beau, souhaitons lui longue vie ! Très bel article, merci.
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Félicitation La Girafe ! Sattao est magnifique. DSWT est un excellent choix. Comme toi je suis parrain, mais mon cœur penchant pour l’Afrique de l’Ouest, j’ai adopté une gorille du parc de la Mefou au Cameroun via Ape Action Africa (AAA). Ton excellent article sur l’orphelinat de Nairobi touche à deux sujets qui me passionnent et qui font débat actuellement. Le 1er est le « naming » c.a.d le fait de donner un nom à des animaux sauvages. Personnellement je suis pour mais d’importants conservateurs sont absolument contre avec des arguments solides. Le second est le « Wildlife management » cad l’intervention humaine en milieu sauvage. Pour cela aussi je suis personnellement pour. Mais des biologistes renommés et respectés sont contre toutes interventions en milieu sauvage avec là aussi des justifications intéressantes. Mais bon, tout cela est de la palabre. Alors, longue vie à Sattao, en espérant le voir un jour marcher paisiblement dans la brousse Kenyane avec deux défenses de 50kg de chaque coté de la trompe comme ses aînés.
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C’est super que tu sois aussi parrain. J’espère que tu peux également suivre à distance ton protégé. Cela donne le sentiment de faire quelque chose d’utile…
Les biologistes renommés dont tu parles peuvent toujours gesticuler derrière leur bureau ou se faire mousser dans leurs publications ou dans des colloques (et je sais de quoi je parle), c’est l’action qui compte et chaque animal sauvage sauvé est une petite victoire, surtout quand le but final est sa réintroduction dans la nature comme s’y emploie le DSWT. Ces animaux sont considérés et traités comme des objets, des entités inférieures, par les braconniers et les autres destructeurs de la faune sauvage. Je pense que le moins qu’on puisse faire lorsqu’on les recueille ou qu’on les étudie est de leur témoigner le même respect qu’à n’importe quel être humain. Les animaux sont nos égaux. Ils sont même supérieurs à l’homme à bien des égards. Comme chez l’homme, chaque individu a une personnalité. Je pense au contraire que c’est leur témoigner du respect que de leur attribuer un nom, qui de toute façon n’est en soi qu’un « code » permettant de distinguer un individu d’un autre. C’est toujours mieux qu’un numéro.
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Etant d’accord avec toi, je ne vais pas entamé un débat 😉 mais les arguments des conservateurs défavorables au naming et au wildlife management sont aussi respectables. C’est juste un choix, Je ferai un article sur cela un de ses jours.
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