Chobe, le royaume des éléphants

Jour 2 / Chobe National Park

31 juillet 2017

En milieu de matinée, un transfert organisé par Batoka Safaris conduit notre petit groupe de Victoria Falls jusqu’au poste frontière du Botswana. Après quelques formalités (sortie du Zimbabwe, entrée au Botswana avec pédiluve décontaminant en prime), les bagages sont transférés dans un nouveau véhicule. Le chauffeur nous dépose ensuite à Kasane, au Chobe Safari Lodge où nous attend le guide francophone qui sera également chauffeur-accompagnateur durant tout le reste du circuit ; c’est un sympathique Français prénommé Hugues (un Normand !) qui travaille pour le réceptif namibien basé à Windhoek : Matiti Safaris.

Un parc emblématique du Botswana

Avec près de 12 000 kilomètres carrés le parc national de Chobe n’est pas le plus étendu du Botswana en superficie mais c’est sans conteste l’un des plus connus et donc l’un des plus visités. Ce succès s’explique par un environnement naturel où l’eau et la végétation abondent, favorisant ainsi une concentration de faune sauvage tout à fait exceptionnelle, en particulier une population d’éléphants dont le nombre, fluctuant selon les saisons, serait estimé à 50 000 environ. L’afflux de visiteurs est également dû à un accès facile de la partie nord du parc depuis la frontière du Zimbabwe et la ville de Victoria Falls, spot de fréquentation touristique.

La rivière Chobe prend sa source dans une montagne d’Angola, où elle porte le nom de Kwando (en mbukushu), puis parcourt de nombreux kilomètres à travers les sables du Kalahari avant d’atteindre le Botswana ou elle s’appelle Linyanti (en subiya). À partir du poste frontière de Ngoma et jusqu’à sa rencontre avec le Zambèze, elle devient Chobe. En longeant le nord du parc elle constitue une frontière naturelle entre le Botswana et la Namibie (bande de Caprivi).

La région était originellement peuplée par des San (Bushmen), également connus sous le nom de Barsawa au Botswana — dont il reste quelques peintures rupestres dans les collines rocheuses du parc. Des Sekgona et des Basubia s’y sont aussi installés par la suite. À l’époque de la colonisation britannique, leurs terres furent divisées et annexées par la Couronne. C’est en 1931 que l’idée de créer un parc national afin de préserver la faune et développer le tourisme se fait jour. L’année suivante, une vaste zone autour du district de Chobe est interdite à la chasse. Elle est progressivement étendue.

Des infestations de mouches tsé-tsé en 1943 retardent le processus de création d’un parc national. En 1953 le projet refait surface (21 000 kilomètres carrés proposés), mais il faudra attendre 1960 pour que la réserve naturelle de Chobe soit officiellement créée, plus petite que le projet initial. Le statut de parc national, obtenu en 1967, s’est accompagné du déplacement progressif des populations qui vivaient à l’intérieur de la zone protégée, achevé en 1975.

Quelques agrandissements du parc, modestes, ont eu lieu en 1980 et en 1987.

Quatre écosystèmes

  • Rivière Chobe à SerondelaTout au nord du parc se trouve la zone de Serondela, où coule la rivière Chobe. Accessible par la ville de Kasane (porte de Sedudu), elle se caractérise par des plaines inondables et une végétation boisée de teck, d’acajou et autres feuillus dont la densité tend à se réduire du fait de la forte pression exercée par la population d’éléphants. Le point d’eau constitué par la rivière, alimenté même en saison sèche (mai à octobre), attire de grands troupeaux de pachydermes et quantité d’autres animaux. C’est par ailleurs un lieu idéal pour l’observation des oiseaux.
  • Savuti ChannelLa partie ouest du parc est occupée par le marais de Savuti (50 km au nord de la porte de Mababe). Il s’agit d’un ancien grand lac intérieur dont l’approvisionnement en eau s’est tari à la suite de mouvements tectoniques ; il est alimenté épisodiquement par le Savuti Channel, rivière dont le débit peut s’arrêter durant plusieurs années (jusqu’à soixante-dix ans), probablement pour les mêmes raisons. Un paysage d’arbres morts bordant la rivière résulte de ce phénomène. La zone est réputée pour sa migration annuelle de zèbres et la présence de nombreux prédateurs — lions et hyènes notamment — à la saison des pluies (novembre à mars). Un certain nombre de documentaires tournés dans ces paysages ont contribué à faire connaître Savuti, en particulier ceux de Dereck et Beverly Joubert pour National Geographic.
  • À l’extrême nord-ouest se trouve un autre marais, celui de Linyanti, bordé par la rivière du même nom. Plaines inondables, lagunes et zones boisées y alternent. On peut y voir des lions, léopards, lycaons, différentes sortes d’antilopes, de grands troupeaux éléphants, etc.
  • Entre les secteurs de Savuti et de Serondela, à environ 80 km au sud de Kasane, se trouve Nogatsaa. C’est une zone de cuvettes à fond argileux qui retiennent l’eau jusqu’en hiver, entourées de prairies ouvertes et de forêts de feuillus ou de mopanes. Plus isolée, elle est moins connue et moins fréquentée par les visiteurs du parc national. C’est un site favorable pour observer des élands.

Chobe National Park, Botswana

Croisière sur la rivière Chobe

Après un déjeuner au lodge, notre petit groupe se rend à l’embarcadère en milieu d’après-midi où nous rejoignent d’autres personnes pour une croisière sur la Chobe River. Au fur et à mesure de notre progression sur l’eau, nous réalisons rapidement que cette activité est très prisée et que nous ne sommes pas seuls… Il y a un certain nombre d’autres bateaux, de toutes les tailles, qui évoluent tous dans la même direction.

Chobe River, Botswana, Chobe NP

Au loin, des taches noires semblent posées sur l’eau. Au fur et à mesure que nous en approchons, les taches deviennent des silhouettes familières. Ça y est, nous y sommes. Les voici, les fameux éléphants de Chobe ! Il y en a un peu partout, éparpillés sur des îles qui ont l’air de flotter dans cette vaste plaine inondable. Certains d’entre-eux ont les pieds dans l’eau et s’enfoncent dans le sol à tel point qu’ils s’embourbent parfois. Sous nos yeux, l’un des éléphants pousse un congénère qui a du mal à ressortir de ce marécage. C’est assez drôle.

Se nourrir constitue leur activité principale durant la journée. Ils se rendent sur les îles quotidiennement pour cette raison, où de surcroît ils sont loin des prédateurs. Leur technique est bien rodée : ils se saisissent d’une touffe de végétaux dont les racines sont immergées puis la secouent afin d’en faire tomber les petits graviers agglomérés avec la terre, dans le but de ne pas user prématurément leurs dents. Car ils savent que leur survie dépend aussi de l’état de leurs dents.

Chobe National Park rassemble la plus importante concentration d’éléphants en Afrique. Il constitue un havre de paix pour ces animaux, en particulier à la saison sèche. Ceux qui vivent ici sont des éléphants du Kalahari — les plus grands en taille. Ils se caractérisent par des défenses plus courtes et plus fragiles (probablement à cause d’une carence en calcium des sols dans cette région australe). Durant la saison humide, ils ont tendance à migrer vers la partie sud-est du parc.

On ne sait plus où donner de la tête, tout le monde sur le bateau photographie frénétiquement — et c’est pareil sur les autres bateaux. Les pachydermes continuent paisiblement à faire bombance. Ils n’ont pas l’air d’être dérangés par tous ces paparazzi.

La croisière se poursuit. La Chobe est immense, parsemée d’îles, et le pilote privilégie les bras de rivière plus tranquilles. Des animaux s’abreuvent sur les berges, se nourrissent, barbotent… bref, se donnent en spectacle pour notre plus grand bonheur. C’est un festival : oiseaux, buffles, antilopes, babouins, crocos, hippos, etc. La faune est ici non seulement concentrée mais elle est aussi d’une variété inouïe (450 espèces d’oiseaux !).

Buffalo, Chobe NP, Botswana

drinking impala, Chobe NP, Botswana

Puis c’est de nouveau un rassemblement de bateaux autour des éléphants, dont certains longent une île en marchant dans l’eau.

elephants, Chobe NP, Botswana

Au loin, sur la rive, une lionne se repose au soleil en attendant l’heure de se mettre en chasse. Une autre marche non loin de là. Nous ne le savons pas encore, mais ces deux lionnes seront les seuls félins que nous verrons de tout notre circuit…

lioness, Chobe NP, Botswana

La lumière diminue doucement et la chaleur de la journée avec. Il est temps pour les éléphants de Chobe de quitter leurs îles pour regagner la terre ferme où ils passeront la nuit.

elephant, Chobe NP, Botswana

Le soleil va bientôt se coucher. Le ciel se colore d’une somptueuse palette de rose, d’orangé et de rouge flamboyant, comme à son habitude. J’adore vraiment cette heure de la fin de journée. Qu’on soit dans le bush ou sur l’eau, la magie et la quiétude des couchers de soleil africains sont sans pareilles…

Les éléphants de Chobe se détachent en ombres chinoises sur le paysage. Le spectacle est de toute beauté (pas mes photos, à mon grand regret). La scène est inoubliable.

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Photo Mireille et Serge.

Jour 3 / Chobe National Park

1er août 2017

Game drive à Serondela

Aujourd’hui, réveil aux aurores (et même avant : départ 5 h 45…). Un véhicule de safari du lodge vient nous chercher pour un game drive dans le parc national. Nous roulons une vingtaine de minutes à tombeau ouvert jusqu’à la porte principale, la porte de Sedudu. Il fait encore nuit lorsque nous la franchissons et commençons à rouler sur les pistes. Le ranger nous conduit à proximité de la rivière Chobe.

4x4, traffic jam, Chobe National Park, Botswana
C’est l’heure de pointe à Chobe.

C’est en quelque sorte l’envers du décor ; nous allons maintenant découvrir sur la terre ferme la faune observée la veille depuis l’eau. Force est de constater qu’à cette heure matinale, nous sommes aussi nombreux que pour la croisière au coucher du soleil. C’est un embouteillage sur la piste… Tous les véhicules présents sont arrêtés pour tenter de voir les deux lionnes d’hier se déplaçant dans le bush. Impossible de prendre une photo correcte : trop sombre, trop loin… et trop de monde.

Tant pis, le safari continue. On a un peu le sentiment d’être dans un marathon. La faune est là mais on n’a pas le loisir d’en profiter pleinement. Manifestement le timing est très serré. Les conditions ne sont pas idéales pour photographier, surtout que Léa et moi sommes loin d’être des pros. Il nous manque vraiment un téléobjectif correct pour shooter les oiseaux (et des cours pour apprendre à s’en servir…).

La tranquillité ne sera pas non plus au rendez-vous pour la pause-café.

Sur le chemin du retour vers la sortie du parc, nous croiserons encore babouins, impalas, zèbres, girafes, et autres oiseaux. Nous saluerons un dernier éléphant de Chobe, qui a préféré rester à terre pour se nourrir ce jour-là, seul loin de ses congénères.


CONSEILS

  • Si vous souhaitez visiter Chobe National Park, la croisière à Serondela est incontournable (à faire en saison sèche). Voir  tous ces éléphants évoluer au milieu ou aux abords l’eau est vraiment incroyable. Et même si les bateaux sont nombreux, il y a de l’espace et on est beaucoup moins gêné que lors d’un safari terrestre. C’est depuis la rivière que l’on peut apprécier le mieux les paysages et le coucher du soleil.
  • En revanche, pour un game drive, il faut s’éloigner de la partie très touristique de Chobe et privilégier les secteurs plus isolés de Savuti, Linyanti ou Nogatsaa, ce qui signifie passer plusieurs jours à l’intérieur du parc.

QUELQUES SOURCES


REMERCIEMENTS

Un grand merci à Mireille et Serge — alias Mimi et Crocodile Dundee —, les Toulonnais avec qui nous avons passé de bons moments durant ce circuit entre les chutes Victoria et Windhoek, et qui ont eu la gentillesse d’autoriser le blog Les Yeux de la Girafe à utiliser quelques-unes de leurs photos.


ÉTAPE PRÉCÉDENTE : Majestueuses chutes Victoria


ÉTAPE SUIVANTE : Caprivi : la grande traversée

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