Les lions mangeurs d’hommes de Tsavo

Encore une histoire de lions allez-vous me dire ! Oui, j’en conviens, mais ces deux-là sont nettement moins sympathiques que ceux de Norman Carr

Cette histoire de lions, que la plupart des passionnés d’Afrique (ou de cinéma) connaissent, a fait couler beaucoup d’encre en son temps. Elle s’est déroulée au Kenya dans la zone de l’actuel parc national de Tsavo où elle marque encore les esprits aujourd’hui, la réputation de mangeurs d’hommes de ces célèbres lions ayant fini par s’étendre à leurs congénères de la région. Des scientifiques ont voulu vérifier si le récit qui en avait été fait à l’époque était conforme à la réalité.

Tsavo

Situé au sud du Kenya et à l’est du mont Kilimandjaro, Tsavo National Park est, avec près de 22 000 km2, non seulement le plus grand parc national du pays mais également la plus grande réserve faunique d’Afrique. Son aire de conservation inclut des espaces protégés adjacents (écosystème du Tsavo).

À l’origine, le choix s’est porté sur la région pour y établir un parc national non pas en raison d’une abondance de la faune mais surtout parce qu’elle était suffisamment vaste et peu peuplée. De plus, elle était trop aride pour l’agriculture et la présence de la mouche tsé-tsé n’y permettait pas l’élevage.

L’aménagement de ces terres inhospitalières (désert de Taru) fut un travail acharné qui dura plusieurs années. Routes, pistes, électricité, gestion de l’eau, moyens de communication, formation des gardes, force antibraconnage, surveillance de la faune, infrastructures touristiques… tout a été créé de zéro dans des conditions particulièrement éprouvantes.

David Sheldrick, à qui le parc doit énormément, fut principalement chargé de la partie est. Tsavo National Park ouvrit au public en 1948. Après l’indépendance du Kenya en 1963, la chasse y fut interdite. Il est géré aujourd’hui par le Kenya Wildlife Service (KWS).

La voie de chemin de fer reliant Nairobi à Mombasa ainsi que la route A109 délimitent deux entités distinctes du parc national :

  • Tsavo Est (13 747 km2), formé de plaines semi-arides couvertes d’une végétation dormante, d’acacias et de baobabs.
  • Tsavo Ouest (9 065 km2), zone volcanique traversée par des coulées de lave et parsemée de sources et de trous d’eau. La terre, caractérisée par sa couleur, est constituée de latérite rouge.
East Tsavo, National Park, Kenya, Africa
Paysage du parc national de Tsavo Est.

Le chemin de fer de l’Ouganda

À l’époque où les faits qui nous intéressent ici se sont déroulés, Tsavo n’était pas encore un parc national mais une étendue sauvage et désertique. Les Britanniques commencèrent à coloniser l’intérieur du Kenya à partir de la fin du XIXe siècle. La décision de construire une ligne de chemin de fer s’est vite imposée pour faciliter cette expansion, mais également afin de protéger les intérêts de la Couronne en Ouganda contre les Allemands.

George Whitehouse sera l’ingénieur en chef chargé du projet. Bien que très expérimenté — il a participé à d’autres chantiers ferroviaires en Angleterre, en Afrique du Sud, en Amérique du Sud et en Inde —, la ligne de chemin de fer à travers l’Afrique de l’Est sera de loin son projet le plus difficile.

La construction du chemin de fer de l’Ouganda débute en 1896 au port de Mombasa. Deux ans plus tard, un premier train atteint Voi, une gare qui occupera une position stratégique sur le parcours en raison de ses installations de maintenance des locomotives et de la jonction avec la route vers le Tanganyika (actuelle Tanzanie). La ligne s’achèvera en 1901 à Kisumu, port créé par les Britanniques au bord du lac Victoria d’où partaient les ferry-boats pour l’Ouganda.

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Tracé du chemin de fer de l’Ouganda de Mombasa à Port Florence (Kisumu) en passant par Nairobi.

Le chantier fut gigantesque, tant par son coût (environ 5 500 000 livres) que par la main-d’œuvre mobilisée (près de 32 000 Indiens recrutés).

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Ouvriers indiens à bord du train de l’Ouganda à Voi.

Le chemin de fer de l’Ouganda — The Uganda Railway, rebaptisé The Kenya-Uganda Railway en 1926 — a contribué à l’urbanisation du Kenya ainsi qu’au développement socio-économique de toute l’Afrique de l’Est.

En 1971, suite à la publication d’un livre de Charles Miller, le train finit par prendre le surnom de Lunatic Express, sobriquet qui faisait entre autres référence aux nombreux aléas que connaissait cette ligne vieillissante (pannes, retards, lenteur, vétusté et dangerosité). Je peux vous confirmer, pour avoir voyagé de nuit dans le Lunatic Express entre Nairobi et Mombasa en décembre 1997, que ce portrait était tout à fait fidèle à l’époque ! En mars 1999, un déraillement a fait 32 morts dont 5 touristes…

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Dernier voyage du Lunatic Express le 28 avril 2017.

Totalement à bout de souffle, le Lunatic Express a finalement été abandonné entre Mombasa et Nairobi pour être remplacé par un train moderne de construction chinoise, inauguré en avril 2017, qu’on appelle le Madaraka Express. La prolongation de Nairobi à Naivasha provoque un tollé parmi les défenseurs de l’environnement car la construction d’un pont au travers du Nairobi National Park est en cours actuellement.

Patterson et les lions mangeurs d’hommes

Le lieutenant John Henry Patterson, un ingénieur militaire ayant servi aux Indes, arrive à Mombasa le 1er mars 1898. Mandaté par la British East Africa Company pour superviser une portion des travaux du chemin de fer, dont la tête de ligne vient d’atteindre la rivière Tsavo à 130 miles de la côte, il est chargé de la construction d’un pont ferroviaire permettant son franchissement.

Mais peu de temps après sa prise de fonction à Tsavo, les ouvriers sont l’objet d’attaques de la part de deux lions qui vont faire régner un climat de terreur sur le chantier pendant neuf mois, allant même jusqu’à provoquer un arrêt complet des travaux du pont durant trois semaines. Les deux fauves rôdaient le jour aux abords des campements et des installations du chantier (en repérage sans doute) puis attendaient généralement la nuit pour extirper leurs victimes hors des tentes, dans lesquelles ils n’hésitaient pas à s’introduire, pour les achever à proximité et emporter les corps afin de les dévorer plus loin. Ils excellaient à ce point dans la chasse à l’homme que les ouvriers indiens (coolies) se mirent à croire qu’ils étaient des démons ayant revêtu l’apparence de lions et les nommèrent bientôt Fantôme et Ténèbres (the Ghost and the Darkness).

La première victime connue des deux lions est un chef d’équipe sikh nommé Ungan Singh, traîné hors de sa tente selon un scénario qui se répétera par la suite. Patterson, qui avait acquis une certaine expérience en chassant le tigre aux Indes, se voit ainsi contraint de traquer les mangeurs d’hommes afin d’assurer la sécurité du chantier. Affûts la nuit en hauteur et pistage dans la brousse la journée ne donnent pas de résultats ; les lions semblent déjouer les plans de Patterson et se perfectionner dans leur stratégie au fur et à mesure de leurs agressions. Pire, ils s’aguerrissent et ne paraissent plus effrayés par les flammes des foyers ni les détonations des coups de fusil. Les clôtures épaisses de buissons épineux (bomas) ne les arrêtent pas et les pièges tendus par Patterson, aidé du responsable médical du district le Dr Brock, échouent également. L’un et l’autre frôlent la mort au cours de ces tentatives infructueuses.

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Piège surmonté d’une tente.

Certains ouvriers quittent le chantier, d’autres complotent. Patterson déjoue même une tentative d’assassinat à son encontre et parvient avec une certaine perspicacité à maintenir l’ordre. Il entreprend de construire un piège sur lequel il dresse une tente afin d’attirer l’attention des lions, mais ces derniers portent leurs attaques sur d’autres campements et ne prennent même plus le temps de s’éloigner pour dévorer leurs victimes.

Conscient de sa responsabilité et des impératifs à mener à son terme la voie du chemin de fer de l’Ouganda, Patterson fait appel à des askaris (soldats indigènes) ainsi qu’à l’officier du district, Whitehead. Ce dernier échappera de justesse à l’attaque d’un des lions avant même son arrivée à la gare de Tsavo… Le renfort sera de courte durée car tous repartent quelques jours plus tard, laissant Patterson de nouveau seul face aux mangeurs d’hommes.

Le 9 décembre 1898, une fois la nuit tombée et après une tentative ratée dans la journée, Patterson parvient enfin à tuer l’un des deux lions. Cette victoire est immortalisée en photographie ; le chasseur pose aux côtés du fauve, de belle taille (2,95 m du nez jusqu’à l’extrémité de la queue et 1,14 m de hauteur).

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Patterson pose à côté du premier lion abattu.

Cependant, il ne s’écoule que quelques nuits avant que l’autre lion ne fasse encore une fois parler de lui. S’ensuivent quelques traques sans résultats jusqu’au 29 décembre à l’aube, où Patterson réussit à l’abattre alors qu’il était en train de se faire charger. La nouvelle se répand vite aux alentours et au-delà des frontières de la colonie. Elle sera même évoquée par le Premier ministre de l’époque à la Chambre des lords. Le second mangeur d’hommes mesurait 2,90 m en long et 1,21 m en haut.

La construction du pont au-dessus de la rivière Tsavo reprendra et s’achèvera en février 1899. Ce n’est que plus tard, lors d’une excursion dans les collines de Tsavo, que Patterson découvrit par hasard la tanière des lions : une caverne dont le sol était jonché d’ossements humains parmi lesquels se trouvaient quelques bracelets de cuivre.

L’antre des deux mangeurs d’hommes dans le parc national de Tsavo.

Les deux lions de Tsavo vus par la science

Du pont construit sous la direction de Patterson il ne reste que les fondations en pierre (détruit par les forces allemandes). En revanche, les deux lions mâles qui ont semé la terreur en 1898 ont été en partie conservés (crânes et peaux). Théodore Roosevelt, qui s’était passionné pour le récit des lions mangeurs d’hommes de Tsavo, influa pour que leurs restes soient exposés au Field Museum of Natural History à Chicago, où ils se trouvent encore aujourd’hui. John Henry Patterson, installé aux États-Unis après la guerre, les céda pour la somme de 5 000 dollars au musée. Ce dernier reconstitua les corps des lions tant bien que mal car les peaux, usées, avaient servi de tapis durant vingt-six ans ! C’est pourquoi ils sont plus petits qu’ils n’étaient en réalité et n’ont plus fière allure.

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Fantôme et Ténèbres dans une vitrine du Field Museum à Chicago – © The Field Museum.

Diverses théories ont été avancées pour expliquer ces attaques en nombre sur les humains, dont la plus ancienne voudrait que les deux fauves tuaient par plaisir.

Ce que l’on sait aujourd’hui c’est que les lions mâles du Tsavo sont, d’une façon générale, dépourvus de crinière. Cette particularité physique est également observée chez d’autres lions de Tanzanie ou du Sénégal. La croissance de la crinière chez les lions étant habituellement liée à leur niveau de testostérone, cela explique pourquoi les lionnes n’en ont pas (il existe quelques exceptions) et les mâles castrés non plus. Les rares études faites sur les lions de Tsavo montrent au contraire des niveaux élevés de testostérone, compatibles avec leur réputation d’agressivité ; l’absence partielle ou totale de crinière — qui va de pair avec une baisse de la fertilité — pourrait plutôt être liée à l’état de santé des lions, à des problèmes de consanguinité et/ou à des causes génétiques (hypothèse d’une lignée distincte ancienne, phylogénétiquement séparée des autres lions vivants, relique des lions de type pléistocène).

En 2004, des chercheurs du Field Museum ont établi qu’il y avait eu des modifications de l’environnement de la rivière Tsavo à l’époque des attaques : la chasse aux éléphants aurait favorisé l’expansion des zones boisées, réduisant de ce fait les populations d’herbivores, proies naturelles des lions (souvent constituées de buffles dans cette région). Par ailleurs, la sécheresse et les épizooties sévissaient depuis quelques années. Ces chercheurs ont également émis l’hypothèse selon laquelle les lions, occasionnellement charognards, auraient pu s’habituer à la chair humaine en se nourrissant de cadavres laissés par des caravanes d’esclaves. Enfin, ils ont constaté que les deux félins souffraient de problèmes dentaires, ce que Patterson avait déjà remarqué au moment des faits.

Une étude isotopique du pelage et des ossements, publiée en 2009 par l’université de l’Utah à Salt Lake City, a apporté un nouvel éclairage sur le nombre réel de victimes, le comportement ainsi que le régime alimentaire des deux prédateurs. Il en ressort qu’ils coopéraient de façon étonnante : s’ils chassaient effectivement ensemble, leurs « menus » étaient néanmoins différents. Le premier se nourrissait plus d’humains alors que la proportion de gibier était supérieure dans l’alimentation du second. Le plus anthropophage des deux avait d’importantes pathologies du crâne (mâchoires mal alignées) et des dents (dont une fracturée), ce qui confirmerait que les grands félins s’attaquent aux hommes s’ils sont malades ou affaiblis. Cependant, l’estimation faite du nombre de personnes dévorées par les deux lions, soit environ 35 personnes (24,2 pour l’un et 10,5 pour l’autre), se rapproche du nombre rapporté par les témoins oculaires de l’époque et déclaré par la Compagnie des chemins de fer ougandais (28) et non pas de la version très exagérée de John Henry Patterson (135).

Plus récemment, les résultats d’analyses d’un groupe de scientifiques de l’université Vanderbilt de Nashville mené par la paléo-écologue Larisa DeSantis (2017) ont contredit l’hypothèse précédemment avancée du manque de nourriture dû à la raréfaction des proies. Les restes des hommes et des animaux ayant servi de repas aux deux lions montrent que ceux-ci n’ont pas été entièrement dévorés. De plus, l’examen de l’émail dentaire n’a pas mis en évidence de traces d’os longuement rongés (durophagie), indiquant ainsi que les lions n’avaient pas souffert de la faim. Par ailleurs, d’autres données suggèrent que des léopards et d’autres grands félins du Tsavo se nourrissaient également à l’occasion de chair humaine. L’étude a également précisé que le lion ayant dévoré le plus d’humains avait un grave abcès en plus de ses problèmes de mâchoire et que ses canines ne lui permettaient pas d’attraper des proies puissantes comme habituellement — l’homme constituant alors une solution de facilité. Les problèmes dentaires du second lion, bien que réels, étaient un peu moins graves. Les chercheurs ont conclu que le moins « handicapé » des deux mâles aidait son comparse à attraper les proies humaines (peut-être par solidarité ou empathie ?), mais ne profitait qu’occasionnellement de ses repas.

Lions anthropophages, pas si rares que ça…

Dans l’ouvrage que John Henry Patterson a écrit sur ses aventures en Afrique de l’Est, il raconte une autre histoire de lion mangeur d’hommes qui s’est également déroulée sur la ligne du chemin de fer de l’Ouganda, dans la petite gare de Kima le 6 juin 1900. Elle est moins connue que la précédente mais fait tout aussi froid dans le dos… Une nuit, un lion (qui avait déjà à son actif plusieurs victimes dans les environs de la gare) était tapi en embuscade près d’un wagon dans lequel se trouvaient le commissaire de police Ryall en tournée d’inspection et deux amis. Alors qu’ils étaient endormis, le lion parvint à ouvrir la porte coulissante du wagon, piétina l’un des hommes qui dormait à même le sol et se jeta sur Ryall, qu’il emporta en brisant une fenêtre. Ses restes furent retrouvés dans la brousse le lendemain et le mangeur d’hommes capturé plus tard, exhibé dans une cage, puis abattu.

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Le lion de Kima après sa capture. On remarque que celui-ci avait une crinière.

D’autres pays d’Afrique, à différentes époques, ont également connu des épisodes de lions (ou de lionnes) mangeurs d’hommes. Ils ne sont pas tous passés à la postérité comme le célèbre duo de Tsavo mais certains ont suffisamment fait parler d’eux pour qu’on s’en souvienne encore. Bien que les chiffres ne puissent être corroborés, leur palmarès de victimes est tout aussi impressionnant. En voici quelques-uns :

  • Chiengi Charlie dit le « Lion blanc », qui a commencé sa carrière de mangeur d’hommes en solitaire en Rhodésie du Nord (Zambie) en 1909, puis s’est associé à d’autres lions. Ils ont déjoué de nombreux pièges et auraient manger 90 personnes avant que Chiengi Charlie ne soit finalement neutralisé.
  • Msoro Monty, qui a sévi dans la vallée de la Luangwa (Zambie) en 1929. Également très rusé, il a tué un grand nombre de personnes avant de disparaître sans laisser de traces.
  • Les mangeurs d’hommes de Njombe : entre 1932 et 1947, le sud de la Tanzanie a été le théâtre de quantité d’attaques perpétrées par un groupe de lions sur des humains. Leurs proies habituelles ayant disparu, on pense qu’ils étaient motivés par la faim. Ils ont fait des centaines de victimes en une quinzaine d’années, peut-être jusqu’à 1 500.
  • Le lion de Mfuwe : un autre mangeur d’hommes de la Luangwa Valley, qui a été actif en Zambie en 1991. On ne lui attribue que 6 victimes mais son cas est particulièrement pertinent ici car il a servi de comparatif dans l’étude de Larisa DeSantis. Cet énorme lion mâle (plus de 3,20 m du museau à la queue) est en effet conservé dans une vitrine du Field Museum, comme les lions de Patterson. Il avait des problèmes dentaires analogues à ceux de Fantôme et Ténèbres (une fracture à la mandibule). Détail intéressant : il était dépourvu de crinière.
  • Osama, le lion qui a terrorisé la région du Rufiji en Tanzanie de 2002 à 2004. Il opérait avec un groupe de lions ; ils ont tué une cinquantaine de personnes réparties sur 8 villages. Osama avait 3 ans et demi lorsqu’il a été abattu et présentait un gros abcès sur une molaire.

Il ne faut cependant pas perdre de vue que chaque année, les lions tuent des hommes en Afrique. Que ce soient des villageois qui travaillent en brousse, des touristes ou des journalistes inconscients qui se mettent eux-mêmes en danger (comme c’est arrivé encore récemment dans la réserve de Kevin Richardson), des clandestins traversant les frontières à pied, etc. Et ces victimes-là sont aussi nombreuses, sinon plus, que celles des « tueurs en série » évoqués précédemment. Rien qu’en Tanzanie, on a dénombré 563 personnes tuées par des lions entre 1990 et 2004.

Saura-t-on un jour le fin mot de l’histoire ?

Une partie de l’histoire des lions mangeurs d’hommes du Tsavo est éclaircie mais des questions demeurent :

Y avait-il un lien de parenté entre ces deux lions mâles ? Si oui, étaient-ils frères ? Quel âge avaient-ils ? Étaient-ils solitaires à cause de leur état de santé ou pour une autre raison ? Les pathologies au niveau des mâchoires résultaient-elles d’une blessure ou d’un accident, ou bien avaient-elles une origine environnementale ou génétique ? Enfin, s’il est désormais admis que le nombre de personnes dévorées avoisine 30 ou 35, quel est le chiffre réel de victimes des deux fauves si on considère qu’il y très certainement eu des tués non « consommés » ?

Il est dommage que l’autre lion mangeur d’hommes (celui de Kima) n’ait pas été conservé pour être étudié lui aussi car cela aurait peut-être permis de faire des rapprochements et orienter les réponses en faveur d’une théorie plutôt qu’une autre.

Saurons-nous réellement un jour pour quelle raison les lions de Tsavo ont fait preuve d’un tel acharnement ? Larisa DeSantis ne pense pas que le mystère soit totalement résolu, car on sait que les problèmes dentaires ne correspondent pas toujours aux habitudes alimentaires et inversement. Néanmoins, la ténacité de Fantôme et Ténèbres, leur intelligence et leur complicité lors des attaques prouvent une chose : qu’ils avaient vraiment une dent contre les humains…


LES MANGEURS D’HOMMES DE TSAVO AU CINÉMA

L’histoire de Patterson et des attaques de lions anthropophages sur le chantier de la ligne de chemin de fer à Tsavo a inspiré deux scénarios de films :


SOURCES ET ILLUSTRATIONS

John Henry Patterson

  • John Henry Patterson, Les Mangeurs d’hommes de Tsavo, 2007, Paris, éditions Montbel, traduction de l’ouvrage original The Man-Eaters of Tsavo and Other East African Adventures, 1907, Londres, éditions MacMillan.
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Henry_Patterson

 Parc national de Tsavo

Le chemin de fer de l’Ouganda

Les lions mangeurs d’hommes de Tsavo vus par la science

Les autres lions mangeurs d’hommes

 

2 commentaires

  1. Bonjour,
    Je découvre ton blog avec cet article. Je ne connaissais pas cette histoire, elle fait effectivement froid dans le dos ! Bon, après je serais curieuse de savoir combien de lions les hommes ont tués… Les plus agressifs ne sont pas toujours ceux que l’on croit 😉
    Merci pour cet intéressant partage !
    Aurélie.

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour et merci pour votre intérêt à ce blog. Il est toujours utile d’avoir des retours de lecteurs car s’il est facile pour l’auteur (moi !) de connaître le nombre de vues sur un article, savoir s’il est apprécié est beaucoup moins palpable du fait que la plupart des lecteurs ne peuvent attribuer un « like ».

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