Les Yeux de la Girafe

Le braconnage ne tue pas que les animaux

Je rentre à peine d’un voyage en Namibie et c’est une triste nouvelle qui vient de tomber dans la presse, sur Internet et les réseaux sociaux et qui n’aura pas échappé aux amoureux de la faune sauvage en Afrique, en particulier des éléphants.

Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 août, alors qu’il se rendait en taxi de l’aéroport de Dar es Salaam (capitale économique de la Tanzanie) jusqu’à son hôtel, le défenseur de l’environnement Wayne Lotter a été lâchement assassiné. Le véhicule dans lequel il se trouvait a été stoppé par un autre. Deux hommes, qui n’ont pas été identifiés à ce jour, sont descendus du second véhicule, et l’un a tiré avec une arme de poing sur Wayne Lotter. La police tanzanienne a ouvert une enquête. Cependant, à en juger par la façon dont il a été froidement exécuté et la méthode employée, il est fort probable qu’il s’agisse bien là d’un assassinat commandité visant à éliminer cet ardent défenseur de la cause animale, devenu « l’homme à abattre » pour les trafiquants d’ivoire.

Wayne Lotter et un éléphant de la réserve de Selous. Photos PAMS Foundation ©, dans un article de Coastweek.com du 20 août 2017 (http://www.coastweek.com/4033-Tanzania-security-condemns-killing-of-leading-wildlife-conservationist.htm).

Wayne Lotter avait 51 ans. D’origine sud-africaine, il avait commencé sa carrière de protecteur de la faune comme ranger dans son pays natal. Malgré des menaces de mort régulières, il luttait courageusement depuis des années contre le braconnage des éléphants et le trafic international de l’ivoire par le biais de la fondation PAMS (Protected Area Management Solutions) dont il coprésidait la branche locale en Tanzanie.

Son action a porté ses fruits. En soutenant les communautés et les gouvernements locaux, son ONG a permis l’arrestation de centaines de braconniers et de gros trafiquants d’ivoire tels que la Chinoise Yang Feng Lan ou le Tanzanien Boniface Matthew Mariango. Une baisse très significative du braconnage des éléphants en Tanzanie (moins 50 % depuis 2014) a pu être observée grâce à l’efficacité des mesures mises en place. Nul doute que cette lutte sera poursuivie par tous les amis, soutiens et membres de PAMS Foundation.

J’espère de tout cœur que cette ONG et ses méthodes feront des émules, qu’elle inspirera les gouvernements et servira de modèle dans les autres pays touchés par ce fléau qu’est le braconnage.

C’est également l’occasion de rappeler ici que chaque année de nombreuses personnes perdent la vie précisément parce qu’elles sont engagées dans la lutte contre le braconnage, en Afrique ou ailleurs, notamment des rangers ou des gardes forestiers, et qu’on ne leur rend pas suffisamment hommage.

Ironie du sort, c’est aujourd’hui l’anniversaire de l’assassinat d’un autre célèbre défenseur de la faune africaine : le 20 août 1989, dans la réserve nationale de Kora au Kenya, George Adamson était assassiné à l’âge de 83 ans par des bandits somaliens soupçonnés d’être impliqués dans de nombreux actes de braconnage (il tentait de s’interposer entre eux et deux de ses assistants qu’ils avaient attaqués). Adamson était connu pour son travail sur la réhabilitation et la réintroduction dans la nature de lions orphelins ou élevés en captivité. Il s’était fait connaître dans le monde entier par le film Born Free, entre autres, ainsi que par le lien très particulier qu’il avait avec la lionne Elsa, jusqu’à la mort de cette dernière.

George Adamson et le lion Christian. Photo extraite d’un article du blog de Ace Bourke (https://acebourke.wordpress.com/2014/08/20/in-memory-of-george-adamson-1906-1989/).

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